Rider conscient #3 – L'essor des rideuses et leurs soutiens
Les communautés de femmes dans les sports outdoor et extrême ont toujours existé sous une forme ou sur l'autre, mais jouissent aujourd'hui d'une bien meilleure visibilité et communication. De meilleurs moyens économiques et technologiques ont permis la promotion de ces groupements et le ralliement d'une plus large frange de sportives pratiquant individuellement leur passion outdoor. Ces communautés représentent une philosophie de vie sportive que soutiennent des associations et des marques. Voici un petit tour des différents soutien aux communautés de ride féminine.

Les marques qui soutiennent le sport féminin
Comme des incubateurs, certaines entreprises ont permis l'essor d'une pratique féminine en répondant aux besoins spécifiques des femmes en matière de matériel et de textile. Leur image et leur part de marché ont rendu visible de nouvelles gammes spécialement conçues pour les femmes.
Roxy - La première marque outdoor marketée spécialement féminine
Roxy se présente être la marque qui défend les femmes et produit du matériel par et pout les communautés féminines. Projet sœur de Quiksilver, il a été porté en Europe par nombre de personnes, dont la fameuse Maritxu Darrigrand, surfeuse, organisatrice des Nuits de la glisse etc. La marque revendique pousser la qualité du produit et mettre aussi en lumière la disparité entre les sexes (qui, espérons-le, s'atténue) dans la communauté des sports d'action.

Roxy a été la première marque de sports d'action spécifiquement féminine lorsqu'elle est née de Quiksilver en 1990. Ses origines datent de la naissance du freestyle, du snowboard et de la culture twin tipper à bien des égards. Bien que Roxy ne soit pas officiellement entré dans le monde de la neige avant 2003, son implication dans le surf a rendu naturelle la transition vers le snowboard puis le freeski.
Inclusive et unificatrice, la marque joue un rôle important en tant que sponsor des légendes de l'industrie, avec une liste impressionnante de noms tels que Lisa Andersen, Sarah Burke et Torah Bright. En décembre, Roxy a organisé le premier volet sur neige de son camp "Make Waves, Move Mountains". Ce camp, qui consiste en quelques jours d'immersion et de rassemblement d'équipes, permet aux athlètes de Roxy de se rencontrer dans un esprit de mentorat. Il s'agit "d'amener nos athlètes qui ont plus d'expérience et qui sont plus avancés dans leur carrière, qui ont participé aux Jeux olympiques ou aux X- Games, etc., et de les mettre en relation avec des jeunes qui commencent tout juste à découvrir leur carrière, qui commencent tout juste à se lancer sur le terrain, et de créer une situation où ils peuvent apprendre à se connaître et à apprendre les uns des autres", explique Jenna Kuklinski, cheffe de projet.
Burton - La marque qui promeut la parité parfaite
Burton Snowboard est une marque qui a toujours mis un point d’honneur à considérer les femmes comme les hommes : les magasins proposent une gamme femme et une gamme homme, comportant sensiblement la même quantité de produits. La marque propose également les mêmes prize money lors de ses évènements, œuvre pour plus de visibilité des communautés féminines dans les publicités et les visuels, mais soutient également bon nombre de communauté de glisse féminine. Par des partenariats, des projets communs ou en développant leur propre évènement, son impact n’est pas négligeable et mérite d’être souligné.

Partant du constat qu’apprendre à faire du snowboard n'est pas une tâche facile, ni apprendre des figures, Burton s’est associé avec Beyond the Boundaries pour un projet de camp de snowboard féminin, mettant l'accent sur une philosophie qui encourage, inspire et célèbre - toutes les clefs pour apprendre le monde du snowboard ! Ce premier camp pour adultes entièrement féminin au Mont Hood sur une semaine a donné aux campeuses la possibilité de se concentrer uniquement sur la pratique du snowboard, en donnant la priorité à la glisse sans les distractions de la vie quotidienne. Cet environnement a créé l'espace parfait pour la progression et la communauté.
L'équipe de Beyond the Boundaries, dirigée par les ambassadrices de Burton Christine Savage, Mary Walsh et l'entraîneur principal Kelsey Boyer, a vraiment compris le sens de la communauté. Les femmes sont là pour progresser en snowboard, mais elles créent des relations qui dureront toute une vie. Avec chaque nouveau camp organisé par Beyond the Boundaries, elles contribuent à construire une communauté de snowboard plus inclusive et plus diversifiée, ce que nous pouvons tous soutenir.
Coalition Snow - Une marque pour les snowboardeuses "that doesn't suck"
Jen Gurecki n'a jamais été du genre à accepter le statu quo. Cette aventurière et entrepreneuse du Nevada a passé une grande partie de sa vie à travailler pour faire tomber les barrières dans les sports d'aventure et d'action. En 2014, furieuse de l'approche traditionnelle "shrink it and pink it" des équipements de neige pour les femmes, Gurecki a lancé Coalition Snow, une entreprise de ski et de snowboard qui conçoit des équipements pour les femmes qui "ne craignent pas" et qui défend le travail des athlètes et des créatrices.

Coalition Snow et Sisu suscite l'évolution des sports d'action qui doivent devenir plus inclusifs et ouverts, du moins d'après Jen. La marque est comme une grande expérience sociale. "Que se passerait-il si les femmes décidaient de fabriquer des skis et des planches ? En général, les femmes ne fabriquent pas de matos - ce n'est pas quelque chose qu'on nous encourage à faire en tant que femme et il n'y a pas de réseau pour le faire", explique Jen. "On nous encourage à fabriquer des bonnets et de jolis sweat-shirts. J'ai pensé qu'il serait intéressant que les femmes décident de sortir de leur voie et de faire quelque chose qui est vraiment dominé par les hommes. Comment l'industrie réagirait-elle ? Et la communauté ? Y aurait-il des clients ? Il y a le côté justice sociale qui me pousse à être curieuse, mais il y a aussi un côté qui se dit : "Voyons ce qui va se passer si on bouscule un peu les choses".
Coalition Snow est vue comme une compagnie de ski féministe, audacieuse et qui ne s'excuse pas. L'industrie outdoor a de la peine à l'intégrer du côté des marques concurrentes nous gérer. Nous ne sommes pas la compagnie de ski des gentilles filles d'à côté. Plus récemment, Jen Gurecki s'est tournée vers l'édition en plus de son entreprise textile pour snowboardeuses. Elle et la directrice de la création de Coalition Snow, Lauren Bello Okerman, ont créé Sisu, une publication axée sur l'outdoor qui présente des voix et des expériences diverses et rarement entendues de l'industrie des sports d'action.
Grlswirl - Le moteur du lifestyle californien sur board
Deux fois par mois, GrlSwirl organise un skate collectif à Venice, où des dizaines de femmes se présentent, souvent pour leur première fois sur des roues. Leur mission est simple : changer la façon dont le sport du skateboard voit les femmes, et vice versa.
Tout a commencé dans les ruelles de Venice, en Californie, la Mecque de la culture du skateboard représentée majoritairement par les hommes, où Lucy Osinski, cofondatrice de GrlSwirl, faisait du surfskate. Depuis son adolescence, sa pratique a grandi avec elle, lui donnant un sentiment de puissance mais se sentait seule. Après la rencontre d’un, puis de deux autres rideuses, elles se sont dit : "Hé, ce serait amusant si on réunissait tout le monde pour skater en même temps". Quand elles se sont retrouvées avec neuf femmes dans le groupe, et elles savaient qu'il leur fallait un nom. "J'avais l'impression que nous étions toutes comme un tourbillon de crème glacée. Il y avait différentes couleurs, différents âges et différents types de personnes. Et nous étions juste en train de tourbillonner ensemble. Et j'étais - j'ai juste dit, GRLSWIRL !" raconte Osinski, une des co-fondatrices.

Au début, elles sont restées en contact de manière informelle par messagerie instantanée et puis elles ont passé le pas : GRLSWIRL a explosé du jour au lendemain sur Instagram.
Au session de skate collective, elles ne savent jamais combien de participantes vont se présenter, et les co-fondatrices sont constamment époustouflés par le nombre de présences. La plupart de ces filles sont dans le quartier de Venice... le fait que nous étions toutes dans un rayon de quelques kilomètres et que nous ne nous connaissions pas et que maintenant nous nous réunissons, c'est incroyable", a déclaré Sarah Tobi, cofondatrice de GrlSwirl.
Le Longboard Girls Crew Switzerland (LGCS) - Antenne suisse du longboard féminin
Le LGC cherche à les soutenir, les encourager et les autonomiser dans ce sport typiquement genré. Le LGC vise également à encourager toutes personnes voulant pratiquer le longboard en un mouvement international qui rassemble les femmes, les populations fragilisées et les minorités au travers du longboard. Le Longboard Girls Crew est une sorte de faîtière qui est représentée dans une soixantaine de pays via des groupes LGC. Parmi eux, l’Afrique du Sud, le Japon, La Russie…
…et la Suisse, où Natania Gallay et Pauline Michaud sont les ambassadrices du groupe. Le début de leur aventure au sein du mouvement est d’ailleurs parti d’un malentendu. «Sur Instagram, nous sommes tombées sur des comptes nommés @lgc suivi du nom de nombreux pays. On a lancé le @lgcswitzerland… jusqu’à ce que Valeria nous contacte pour nous demander qui nous étions, à nous approprier le nom d’un mouvement officiel!» s’amuse Pauline.
De ce quiproquo, les deux jeunes femmes sont devenues les représentantes du Longboard Girls Crew Switzerland, né en 2018, et assument la co-présidence de l’association suisse. Elles sont en contact avec les ambassadrices d’autres pays.
Le LGCS réunit des longboardeuses via des initiations de dancing, organisées le plus souvent à Lausanne. Des enfants à des femmes de 50 ans, de jeunes mamans, des étudiantes, des actives, le longboard réunit des femmes de différents horizons». Pas question de se mettre la pression à leurs initiations, c’est bien pour s’amuser qu’on y vient faire du longboard, chacune à son rythme.
Rassembler autour du longboard, c’est aussi ce que font les jeunes ambassadrices au sein de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants. Une initiative née elle aussi d’un malentendu. «J’y allais avec un autre groupe pour faire des bricolages avec les plus jeunes. Une fois, j’ai pris deux longboards avec et ils ont adoré», se souvient Pauline. «Alors nous y sommes retournées avec plus de planches», poursuit Natania.